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Millenium Graindesel
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18 avril 2006

Tribune de Martine ROURE, Députée européenne socialiste

Urgence pour une législation européenne en matière d’immigration.

À l’heure de l’harmonisation européenne et de la recomposition de l’Europe de l’Est, nos pays vivent la question de l’immigration comme l’un des grands défis du début de ce siècle.

Nous assistons à de véritables drames autour de l'Union Européenne et les pays qui jouent le rôle de frontières rencontrent de plus en plus de difficultés liées à l’afflux de ressortissants de pays tiers. Il s'agit de recevoir dignement les demandeurs d'asile et de répondre humainement aux arrivées massives d'immigrés qui fuient l'oppression ou la pauvreté.

D'autre part, le maintien sur le territoire de personnes sans droits, dans la précarité la plus totale, à la merci d’une dénonciation, réduites à alimenter le profitable marché du travail clandestin, ou à céder à la délinquance mais préférant néanmoins cette situation aux risques d’un retour dans leur pays d’origine pose effectivement d’inévitables questions sociales, morales et juridiques.

Il s'agit là d'une question qui doit être abordée comme un sujet qui concerne tous les Européens. Notons que les travailleurs immigrés et les personnes relevant de l'immigration économique sont de plus en plus nombreux.

L'intégration des migrants, soit économiques, soit humanitaires, est un défi majeur pour nos sociétés : le succès de notre politique d'immigration se mesurera en effet au succès de nos politiques d'intégration.

Nous devons construire un contrat de valeurs entre nos sociétés et les communautés ethniques qu'elles hébergent. Nous sommes tous concernés.

Les craintes sont nombreuses de voir, avec la montée récente des populismes, symptomatique d'une "peur de l'étranger", le risque de voir le traitement commun de la question de l'immigration prendre une teinte dangereusement répressive. En France, nous constatons que c’est cette voie-là qui est privilégiée.

La migration est bien un phénomène du monde contemporain. Nous ne nous soustrairons pas aux responsabilités qui nous reviennent en tant que nations riches en ce qui concerne l'accueil des victimes de l'oppression ou la lutte contre la pauvreté qui est souvent la cause fondamentale de la migration.

La commission des Libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures a entrepris des visites dans les centres d'accueil et de détention pour immigrés et demandeurs d'asile. Ils ont été effrayés par leur dernière visite à Malte. En effet, dans cet Etat, les conditions de détention sont inhumaines et dégradantes. Les demandeurs d’asile sont enfermés dans des cages sans aucune possibilité de sortir. Leurs droits les plus élémentaires ne sont pas respectés. Ils n’ont pas d’assistance juridique, pas d’assistance médicale. Nous avons rencontré des personnes enfermées depuis parfois dix-huit mois, dix-neuf mois, vingt mois, sans aucun contact avec le monde extérieur, dans des conditions sanitaires insupportables.

Certes, nous pouvons nous féliciter que les autorités maltaises ne nous aient rien caché, c'est une marque de respect vis-à-vis du Parlement Européen et de l’Union elle-même, mais ces conditions de détention constituent cependant une violation des droits de l'Homme et de la Directive européenne sur l'accueil des réfugiés.

Le gouvernement maltais doit mettre fin au plus vite à son système de détention systématique des migrants.

Ce ne sont pas des criminels. Ils viennent souvent de l’enfer et doivent être traités dignement. La détention ne peut être qu'une solution de dernier recours pour des personnes en attente d'expulsion. Elle ne doit en aucun cas être appliquée aux demandeurs d'asile et aux personnes vulnérables.

Malte est un petit pays et par sa situation géographique, il subit une pression particulièrement forte. Il est du devoir de l'Union européenne d'être solidaire et de partager la charge financière de la gestion de ses frontières.

Mais une réforme plus en profondeur est nécessaire. Il ne s’agit pas que d’un problème d’argent. C'est pourquoi nous devons remettre en cause son principe même, à savoir que l'Etat membre responsable du traitement d'une demande d'asile est le premier pays d´ accès. En effet, ce principe fait peser une charge insupportable sur les pays situés au sud et à l'est de l'UE et a pour résultat pervers de menacer les conditions d'accueil et l'accès à l'asile.

L’Europe a des principes, elle se doit de les appliquer sur son sol.

Courriel : martine.roure.deputee@wanadoo.fr - Site : martineroure-europe.com

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