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Millenium Graindesel

Millenium Graindesel
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25 octobre 2006

2ème débat

Entre les prises de position récentes de la favorite des sondages, en faveur de « jurys citoyens » chargés de surveiller l'action des élus qui sont « une espèce de populisme qui ferait le lit de l'extrême droite », projet également combattu par DSK, qui le qualifiant de thème ringard pense que l'ordre juste cher à Ségolène « n'est pas suffisant » Ségolène Royal, visage crispé et ton cassant, se cabre et s’entête. Agressive elle déclare « Si on pense que tout va bien, continuons comme ça ! », laissant ainsi entendre que ses deux concurrents sont des irresponsables. Elle enfonce le clou en proposant même que des Français assistent au Conseil des ministres. Sur la carte scolaire, elle réaffirme la nécessité de son « élargissement » : « Les familles doivent pouvoir choisir entre deux écoles. »

Merci à Laurent Fabius de rappeler que ni les jurys citoyens ni la carte scolaire ne font partie du projet socialiste ce rappel signifiant clairement que S. Royal joue contre le parti.

Une fois encore, seul candidat en plein accord avec le projet socialiste, au fil des jours et des réunions Laurent Fabius marque des points.

Candidat du changement à gauche, il est le seul à tenir partout et à tous le même discours : un discours de gauche. Ses contradicteurs socialistes Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn perdurent dans une attitude politicienne classique : ils prennent une position hors du Parti et une autre face à leurs camarades !

Mais au final, lors des débats ils sont obligés de reprendre les propositions de Laurent Fabius ; triste attitude lorsqu’il est aisé de se souvenir qu’ils ont commencé par désapprouver ses prises de position sur la laïcité, sur la République parlementaire, sur l’immigration, sur les familles, sur le SMIC, sur les délocalisations, etc...

Une interrogation demeure : une majorité de militants socialistes qui ont approuvé les propositions fabiusiennes se décideront-ils en masse à soutenir l'original qui de toute évidence vaut mieux que la copie ?

Combien douteront encore que Laurent Fabius est le centre de gravité de la gauche antilibérale, seul capable de le mener à la victoire en rassemblant d’abord tous les socialistes puis toute la gauche.

P. GRIMAUD NOW

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20 octobre 2006

Débat de Clermont-Ferrand

Laurent Fabius, le plus applaudi par les militants, sort une nouvelle fois gagnant.

Extraits des dépêches parues à la suite du débat :

Deux jours après leur premier exercice télévisé, les trois prétendants à l'investiture socialiste pour 2007 ont cultivé pendant deux heures chacun leur style: Mme Royal dans le registre de "la proximité", M. Strauss-Kahn dans celui de la pédagogie, et M. Fabius dans l'affirmation passionnée de convictions anti-libérales.

En terrain ami au coeur d'une fédération qui l'a massivement soutenu lors du congrès du Mans, en novembre 2005, Laurent Fabius a prononcé un discours présidentiel offensif sous les yeux de ses compétiteurs, assis au premier rang.

Contrairement à Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn qui ne l'ont jamais cité, l'ancien Premier ministre s'est référé très souvent au projet présidentiel du PS.

"Le projet socialiste, c'est l'alternative à la mondialisation financière", a-t-il martelé, défendant à nouveau sa proposition d'augmenter le smic de 100 euros immédiatement après la présidentielle.

"Pour des personnes qui gagnent 1.000 euros net par mois, il faut qu'avec l'arrivée de la gauche au pouvoir ils gagnent un peu plus qu'avec la droite", a-t-il insisté, alors que ses rivaux ont remis en cause cette proposition lors du débat télévisé de mardi soir consacré aux questions économiques et sociales.

"Cette campagne sera rude contre la droite parce que nous avons en face de nous des gens redoutables qui disposent de moyens colossaux financiers et médiatiques et qu'ils n'hésiteront pas à s'en servir", a-t-il expliqué. "La seule force que nous ayons avec nous, c'est vous, les militants. Il va falloir tenir bon".

Laurent Fabius, très souvent applaudi, est celui qui a le plus mobilisé la salle, en usant de ses talents reconnus de tribun.

"Il faut que la gauche soit directement, offensivement antilibérale", a souligné l'ancien Premier ministre, sur un ton extrêmement offensif, le poing levé, applaudi par les 3.000 militants réunis à la Maison des sports.

Il a invité la gauche à "ne pas mettre ses pieds dans les thèmes" de la droite, le plus sûr moyen à ses yeux de courir à l'échec.

Première à s'exprimer, Ségolène Royal a délivré un discours extrêmement général, reprenant ses formules maintes fois testées : "développement équitable contre désordre libéral", "donner un désir d'avenir à la France". "La politique moderne, c'est écouter pour agir juste", a déclaré Mme Royal en prononçant un énième plaidoyer pour "la démocratie participative", devenue sa marque de fabrique.

"Ces débats sont utiles car ils montrent aux militants qu'il y a de vrais écarts entre les candidats, surtout Fabius avec un discours de gauche qui fait du bien", se réjouit Luc, 37 ans, militant depuis trois ans. "Ça me renforce dans mon choix."

"Mon opinion était faite et elle n'a pas changé", explique Marie-Louise 64 ans, inscrite depuis quelques mois. "Je me réjouis que le projet socialiste soit leur colonne vertébrale à tous."

En savoir plus : contact@laurent-fabius.net

16 octobre 2006

Concerto pour silences... éloquents

Ségolène Royal a expliqué qu'elle administrerait à l'Europe les mêmes remèdes qu'à la France si elle accédait à l'Elysée au printemps prochain : démocratie participative, ordre juste, politique par la preuve…

Elle rappelé qu’elle était contre l'adoption d'un « mini-traité » institutionnel européen rappelant que le rejet de la Constitution européenne par les Français et les Néerlandais en 2005 avait été dommageable. Elle souhaite donc que les socialistes français se réconcilient avec l’Europe ! Convaincue que c’est elle qui aura la responsabilité de représenter la France qui présidera l’UE en 2008, son projet est de réinventer une Convention. Elle a mis au travail « son équipe » afin de préparer cette échéance et de « rédiger le texte de la réforme institutionnelle qui serait présentée aux peuples, le même jour, suivant la procédure que chaque pays aura choisie ». Belle idée... qui laisse de côté les Européens qui ont ratifié ce texte que Fabius a tant contribué à faire rejeter. Une politique de ronds dans l’eau...

Désolant et très regrettable de consater également que bien qu’insistant sur la nécessité de mettre en place des critères de convergence sociale entre les Etats-membres, S. Royal s’affranchit de  la proposition d'un traité social contenu dans le projet du PS, et fait silence sur la nécessité de défendre une directive-cadre sur les services d'intérêt général !

Aucune position personnelle sur la Turquie, sauf sa botte favorite : la langue de bois : « mon opinion est celle du peuple français », SOS sondages encore ! Intéressant de garder en mémoire la toute récente communication de la commission des sondages, organisme national chargé du contrôle des enquêtes d'opinion, a invité jeudi à « relativiser la pertinence et la signification des sondages » auprès des sympathisants PS, récemment publiés.

Entourée de ses porte-parole Gilles Savary et Arnaud Montebourg, l’un représentant du oui et l’autre du non à la Constitution européenne, S. Royal lors d’une réunion a estimé que le traité « n'est pas mort , mais caduc », offrant de profiter de « l'occasion exceptionnelle » du 50e anniversaire du traité de Rome pour « nous reposer la question de ce que nous voulons » en y associant les citoyens. Sans doute espère-t-elle un revirement d’opinion, tel que celui survenu chez certains acteurs de Rénover Maintenant réunis autour d’A. Montebourg…

Dire qu’à l’époque le co-fondateur de Rénover Maintenant expliquait l'existence de ce courant au non d’une volonté de transformation sociale, d’un combat pour la 6e République, au non d’une opposition ferme et « non négociable » au Traité constitutionnel européen. Après son ralliement qui lui a permis de se placer au sein de l’équipe Royal, il faut saluer l’honnêteté intellectuelle d’un certain nombre de ses membres, qui au non d’une fidélité aux idées fondatrices de leur courant, ont décidé de soutenir Laurent Fabius considérant qu’il « est  à ce jour, le seul candidat à avoir donné de réels gages politiques et programmatiques, affirmant un ancrage à gauche, ferme et clair ».

Pierre GRIMAUD NOW

12 octobre 2006

DELOCALISATEUR-PAYEUR

Il y avait un principe pollueur-payeur, Laurent Fabius propose l'instauration d'un principe "délocalisateur-payeur" pour pénaliser les entreprises qui partent s'installer à l'étranger.

En phase avec sa ligne de candidat réellement à gauche, il souhaite l’instauration d'un "dispositif d'alerte" qui permettrait "en cas de délocalisation visible ou invisible de saisir un médiateur qui étudierait avec la direction de l'entreprise, les syndicats, des solutions alternatives".

Il propose également que la loi prévoie un maintien de taxe professionnelle des entreprises qui délocalisent "pendant deux ou trois ans" pour aider les collectivités locales et que la charge du reclassement des salariés victimes des délocalisations incombe aux entreprises par le biais de la Sécurité sociale professionnelle qui figure dans le projet du PS.

Sur le sujet du traitement de l’insécurité, se distinguant une nouvelle fois de Ségolène Royal qui court derrière Nicolas Sarkozy, il donne une priorité à la nécessité de concilier "prévention, action et sanction" et propose la création d'un conseil national de sécurité intérieure présidé par le Premier ministre ; cette instance étant déclinée au niveau local par des "conseils départementaux de sécurité".

Pierre GRIMAUD NOW

11 octobre 2006

Laure Dael : « Pourquoi je soutiens Laurent Fabius »

Laure Dael est Conseillère générale de l'Eure

Ne commettons pas deux fois la même erreur. Nous ne devons pas désigner notre candidat aux élections présidentielles en fonction des sondages et des médias qui, comme nous le savons tous, ne portent pas la pensée de la Gauche. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis. La question principale de cette désignation n’est pas la médiatisation de tel ou tel mais le fond politique sur lequel s’appuie cette candidature.

Le socialisme auquel je crois n’est pas celui de Tony Blair. Je ne veux pas que le futur candidat à l’élection présidentielle accompagne la mondialisation et le libéralisme. Laurent Fabius assume pleinement les changements opérés dans sa vie politique et est à mon sens le seul candidat qui répond aux attentes des Français, tant sur le plan national qu’international. Ses propositions sont concrètes sur le pouvoir d’achat, la revalorisation des salaires, le droit au logement, l’écologie, l’Europe …

Laurent Fabius, grâce à ses positions au moment du référendum sur la constitution Européenne, est notre meilleur atout pour faire l’union des gauches et créer les conditions indispensables à la victoire. Alors, chers camarades, n’oublions pas les leçons du passé. Ne nous laissons pas berner par l’ambiance euphorisante qui nous est proposée. Je reprendrai donc à mon compte un slogan longtemps utilisé par mon courant : Pour moi, c’est lui…

http://www.2007lagauche.fr/?q=node/593

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11 octobre 2006

INTERVIEW de L. FABIUS à "20MINUTES"

Le député de Seine-Maritime répond à «20 Minutes» à six semaines du vote des militants

(http://www.20minutes.fr/articles/2006/10/11/20061011-actualite-france-Laurent-Fabius-candidat-tres-gauche.php),

Ségolène Royal est toujours en tête des sondages alors que l'on connaît désormais les trois candidats aux primaires. Il n'y a donc pas d'effet de clarification ?

La valeur prédictive des sondages à plusieurs mois d'une élection est très faible. En 1995 et en 2002, si on avait écouté les sondages, Balladur puis Jospin auraient été élus. Je ne m'occupe pas des sondages, mais du fond. La France va mal, le vrai changement ne peut venir que de la gauche et des Verts, qui ne se rassembleront que sur des propositions clairement à gauche. C'est ce choix que je porte au sein du PS.

Vous voulez être le candidat du pouvoir d'achat. Qu'apportez-vous de plus sur ce thème que Royal ou Strauss-Kahn ?

Lors de l'élaboration du projet du PS, j'avais proposé l'augmentation du smic à 1 500 e au cours de la prochaine législature. Mes compétiteurs estimaient, alors, que c'était trop. Finalement, le PS a repris ma proposition dans le projet. Aujourd'hui, je précise les choses, en proposant une hausse du smic de 100 e tout de suite, couplée à une conférence salariale pour discuter d'une revalorisation des autres salaires. Même démarche pour le logement, la santé ou l'environnement. C'est clair, c'est concret, c'est ce qui est attendu par des millions de Français.

Comment incarner le renouveau alors que l'on vous connaît depuis les années 1980 ?

Le renouveau doit d'abord s'opérer dans le contenu : je propose une nouvelle politique économique, sociale, éducative, écologique. Et je revendique mon expérience de l'Etat. Il est préférable d'en avoir pour négocier avec les présidents américain, russe ou iranien. Le renouveau passera aussi par les personnes : si je suis investi et élu, mon gouvernement sera novateur, avec une parité totale hommes-femmes et un nº 2 en charge du développement durable. Ce vice-Premier ministre aura un rôle clé.

Vous passez pour être le meilleur orateur au PS. Les futurs débats internes devraient vous avantager...

Le débat, c'est la démocratie. Et l'énergie dans un débat vient des convictions que l'on défend. On ne tranche pas les grandes questions simplement en lisant côte à côte des fiches. Les débats télévisés qui doivent avoir lieu seront, je le souhaite, une vraie discussion, pas une dispute. J'espère que ce seront de réels débats télévisés, façon TNT plutôt qu'ORTF.

Ségolène Royal pratique-t-elle un double discours, dans les médias et devant les militants ?

Je n'ai aucune intention d'attaquer des camarades socialistes. Mon adversaire, c'est la droite, Sarkozy, et l'extrême droite. Ces derniers temps, des propositions ont été mises sur la place publique, qui ne figurent pas dans le projet du PS ou qui lui sont même contraires, comme sur la carte scolaire ou l'encadrement militaire des primo-délinquants : j'ai fait part à chaque fois de mon désaccord. L'amitié n'exclut pas la franchise.

Trouvez-vous que François Hollande remplit son rôle de premier secrétaire en toute impartialité ?

En tout cas, il est nécessaire qu'il le fasse, même s'il reste des marges de progression. L'impartialité et la loyauté sont dues aux militants du PS et à la démocratie.

Recueilli par Bastien Bonnefous

1 octobre 2006

Déclaration de candidature

J’ai décidé, si les militantes et les militants socialistes le veulent, d’être candidat à la Présidence de la République.

Entendre et lire le discours de Laurent Fabius :

http://www.laurent-fabius.net/article689.html

30 septembre 2006

Persiste et signe...

Dans une tribune récente j’écrivais : le PS est en danger ! Comme, très souvent, certains lecteurs ont préféré m’adresser des mails d’indignation. J’aurais aimé qu’ils écrivent leurs reproches par le mode « commentaire » ! Mais le courage…

Je persiste et signe ...

Ebranlé par le choc du 21 avril 2002, incapable d’adopter une ligne politique en phase avec son électorat traditionnel et ses préoccupations, le PS est en danger au point, qu’il ne se relèvera pas d’une nouvelle défaite en 2007. Aussi, je trouve regrettable que certains de ses responsables et surtout de ses élus locaux, aveuglés par leur intérêt personnel, placent leur souci de réélection personnelle sous la coupe des attendus des sondages. Sourds et aveugles ils prennent le risque d’accentuer le décalage entre le PS et son électorat traditionnel.


Pour retrouver ses électeurs, le Parti socialiste doit retrouver une ligne politique en phase avec son électorat, et choisir celui qui portera cette ligne, car l’un ne va pas sans l’autre. Si les socialistes ont l’habitude des débats démocratiques et pratiquent naturellement «l’art de la synthèse», qui consiste à se réconcilier au terme de débats souvent vifs, faut-il encore que ces débats aient lieu.


Les médias, jouent de plus en plus le rôle de prescripteurs d’opinion en usant des « sondages » et en surexposant telle ou telle personnalité.


Ainsi, les propriétaires ou actionnaires des grands médias ont délibérément choisi Ségolène Royal comme adversaire de leur candidat Nicolas Sarkozy. Le processus fonctionne si bien, qu’il a réussi à intimider certains ténors socialistes. Même Arnaud Montebourg, pourtant toujours prompt à dénoncer, le fonctionnement de la machine médiatique et à se plaindre de l’absence d’éthique ou de la moralité des uns et des autres est tombé dans le piège…


Les soutiens socialistes ont aussi pour argument, en dehors du fait que Ségolène Royal « est une femme » qu’il n’y a qu’elle pour battre Nicolas Sarkozy du fait qu’elle est la madone des sondages.
Cet « argument politique de choc » a séduit des militants et sympathisants. Ils oublient l’essentiel : l’électorat de gauche raisonne différemment.

En outre ils sont imprudents pour une autre raison : si Ségolène Royal devient la candidate officielle du P.S, les donneurs d’ordres « médias » qui, pour le moment, entretiennent son image en mettant en évidence son talent à singer les positions du président de l’UMP, sur les 35 heures, la délinquance ou, plus récemment, l’éducation, lui offriront une campagne médiatique plus soutenue que leurs amabilités actuelles.

Dès lors, il ne restera alors, chez Ségolène Royal, que son discours et sa ligne politique : fort probablement  l’écart entre cette dernière et le projet socialiste fera beaucoup de malheureux, car quel socialiste peut sérieusement prétendre qu’une telle ligne politique satisfera la gauche dans son ensemble ?

Attention à la casse.

Pierre GRIMAUD NOW

30 septembre 2006

Quel candidat pour défendre le projet socialiste en 2007 ?

Lettre aux militants de NPS par Jacques Généreux, membre de la direction nationale de NPS et du Conseil national du parti

lundi 25 septembre 2006

Chers camarades,

Je suis l’un des derniers dirigeants nationaux de NPS à développer publiquement un argumentaire sur la question de l’investiture pour l’élection présidentielle. J’ai pourtant été, au sein de notre direction nationale, le premier à prendre une position explicite et conforme à une ligne politique constante, à savoir : le ou la candidat(e) susceptible de rassembler la gauche, de restaurer la confiance des classes populaires et d’incarner sans complexe un projet « socialiste » devait être un ou une camarade qui, le 29 mai 2005, était en phase avec les deux tiers de l’électorat de gauche pour dire « non » à la constitutionnalisation du néolibéralisme. C’est la position que j’ai assumée et expliquée dans les médias à titre personnel, après le référendum, mais seulement jusqu’au moment où, au début de 2006, nous avons convenu d’une règle de conduite commune en direction nationale : nous étions censés mener ce débat dans le courant et dans le parti, et renoncer à tout ralliement ou appel public en faveur de telle ou telle personnalité, en attendant que le courant débatte d’une éventuelle position commune à son université de rentrée.

Nous n’oublions pas le 29 mai

Dès lors, je n’ai plus donné d’interview ou de tribune à la presse, ni même fait circuler un argumentaire ou un appel « interne » dont chacun sait que la presse en fait état dans la semaine qui suit. Puisque voici venu le temps de notre débat collectif de rentrée, et conformément à la règle commune arrêtée en direction nationale, je porte donc ma contribution au débat. D’autres camarades n’ont pas manifesté la même patience, et l’inévitable battage des médias autour de leurs « appels » publics a pu laisser l’impression qu’il n’y avait que deux options défendues au sein de notre courant (François Hollande ou Ségolène Royal). Impression forcément erronée, puisque la quasi-totalité ne nos militants a voté « non » le 29 mai et que la moitié d’entre eux, au moins, a mené une campagne active pour le « non » socialiste. On ne peut imaginer, sans faire insulte à la conscience politique de tous ces militants, qu’ils ont oublié les questions qui se sont imposées à leur esprit, dès le lendemain de la victoire du « non » de gauche : Comment réconcilier l’électorat de gauche avec le PS dont il venait de rejeter massivement la ligne officielle ? Comment le PS pourrait-il, en 2007, incarner le débouché politique de ce large mouvement populaire de résistance au néolibéralisme ? Pouvait-on sérieusement envisager de présenter un(e) candidat(e) qui aurait manifesté son mépris des partisans du « non » durant la campagne, et son mépris du vote populaire après le résultat du référendum ? Et poser ces questions, c’était alors y répondre.

Pour tous ceux qui n’ont pas oublié ces questions et sont convaincus que la renégociation en cours du TCE pèsera sur le scrutin de 2007, le choix aujourd’hui en débat se ramène pratiquement à une interrogation : comment peut-on ne pas soutenir le seul candidat socialiste qui se soit engagé contre ce traité ? Au nom de tous les camarades qui se posent cette question, je demande qu’elle soit entendue et respectée dans notre débat.

Ma position est discutable, comme toutes les autres, et je la soumets au débat avec d’autant plus de sérénité que je ne mène pas ici campagne pour déterminer une position majoritaire du courant, mais seulement pour contribuer au choix qu’en conscience chaque militant devra faire en novembre. Car, sur ce point aussi, ma position solitaire et précoce n’a pas varié. Dès l’instant où nous avons débattu de notre règle commune pour aborder ce débat, j’ai soutenu l’idée que, si nous ne présentions pas un candidat issu de NPS, notre courant n’avait pas vocation à se ranger d’un seul bloc derrière une personnalité quelconque, et ce pour deux raisons.

NPS n’est pas une écurie présidentielle

En premier lieu, nous aspirons à une réforme des institutions et des pratiques, qui recentre la vie politique sur la détermination d’une majorité parlementaire à l’issue d’un débat de fond sur les programmes politiques et nous libère du « présidentialisme ». À court terme, dans un jeu politique dominé par l’obsession présidentielle, le fait de n’avoir pas de candidat est certes une faiblesse. À long terme, et dans le combat pour une VIe République, le fait de constituer un courant dont l’homogénéité et la force politique ne dépendent pas de la victoire de telle ou telle personnalité est un atout majeur. NPS a donc mieux à faire que de se transformer, ne serait-ce que durant quelques mois, en écurie (ou sous-écurie) présidentielle. La fonction de NPS est de peser sur le sens politique qui sera donné à la campagne électorale, sur les développements qui devront préciser le projet socialiste, et, au-delà du scrutin, sur la mise en œuvre effective du projet en cas de victoire, ou sur la reconstruction du parti en cas de défaite. Quels que soient le ou la candidate et le gouvernement formé après les élections, la mission politique de NPS reste la même : ancrer le parti sur la ligne d’une opposition frontale au néolibéralisme, d’une rénovation ambitieuse de notre démocratie et d’une refondation radicale du projet européen.

NPS doit-il survivre ? Telle est la question

En second lieu, imposer le fait majoritaire par un vote désignant une personnalité étrangère à notre courant nous conduirait à l’explosion. Or, la mission politique de NPS commande de faire passer la préservation du courant avant nos divergences sur l’investiture pour la présidentielle. Je répète l’enjeu : la persistance d’un courant fort et soudé susceptible d’empêcher la dérive centriste qui s’est emparée de la social-démocratie européenne et l’a enlisée dans l’impuissance et l’échec électoral. Ou bien NPS endosse bien cette mission et doit alors tout mettre en œuvre pour exister encore au-delà de l’élection présidentielle ; ou bien NPS n’est qu’un outil ordinaire de la compétition interne au parti, et alors, il n’a aucune raison de survivre à nos divergences sur le choix d’un(e) candidat(e).

En effet, en annonçant dans un premier temps que nous prendrions une décision collective unique sur cette question, nous avons lancé la mécanique inéluctable de la division, les uns et les autres étant nécessairement conduits, à un moment ou à un autre, à créer un rapport de force interne favorable à leur option. Et c’est bien ce qui s’est produit. Dès lors que certains de nos camarades et dirigeants ont lancé des appels publics et déjà amorcé une campagne en faveur d’une personnalité, ils ont manifesté une conviction forte et pris un engagement public désormais irréversible et indépendant d’une éventuelle future position commune du courant. Dans ces conditions, un vote sur cette question serait le dernier acte politique de NPS, mesurant seulement les éclats engendrés par son explosion.

En début d’année, la direction nationale ne m’a pas suivi sur cette analyse, au nom de ce qui semblait alors à tous une évidence : un courant ne peut pas ne pas avoir une position claire quand les militants sont appelés à voter ; et de plus, l’engagement des militants NPS dans une campagne interne sur des positions différentes peut nous affaiblir.

Ces objections sont pertinentes, mais elles n’éclairent pas notre choix, maintenant que nous sommes dans la situation que j’avais redoutée : de toute façon, nous n’aurons pas une position commune ; voter sur des noms, quand une minorité interne au courant est déjà publiquement engagée derrière Ségolène Royal, servirait seulement à mesurer l’ampleur réelle de ce mouvement et à détruire le courant. Si nous voulons préserver le courant et manifester que sa mission persiste, au-delà d’une divergence sur une question de personne, il nous faut renoncer au processus d’exclusion de telle ou telle option, et tolérer que des individus soutiennent le candidat de leur choix, à titre personnel. À condition toutefois que cela ne les conduise pas à soutenir des positions manifestement contradictoires avec les convictions fondatrices de notre courant.

Certes, une pluralité de positions, durant les quelques semaines de la campagne interne, ne renforce pas le courant ; mais elle ne l’affaiblira jamais autant que son explosion ! La seule position commune possible pour NPS consiste à assumer la non-désignation d’un candidat comme une position politique que j’ai justifiée plus haut. NPS est le garant de l’ancrage idéologique de notre parti dans le combat contre le néolibéralisme, et cette mission première peut bien s’accommoder d’une pluralité d’options sur la personnalité la plus à même de conduire la gauche à la victoire en 2007. Puisque désormais tout le monde rejoint cette analyse et privilégie la survie de notre courant, disons-le tout net : NPS n’a définitivement pas de candidat ; chaque militant devra désigner le sien en conscience.

Une fois libéré de l’option mortifère d’un vote sur des noms, NPS peut mener sereinement le débat de fond sur les candidat(e)s et éclairer ainsi le choix de chaque militant. Mais, soyons clair : l’absence de position officielle du courant sur le ou la candidat(e) ne saurait être l’expression d’une position implicite quelconque. Elle va de pair avec une position explicite sur la façon d’aborder la campagne et une condamnation explicite de toutes les déclarations qui divisent la gauche, contredisent le projet socialiste et estompent notre opposition radicale au discours de la droite. Elle crée le contexte favorable à la conduite d’un débat sans fard sur le fond politique de l’affaire.

Les conditions de la victoire en 2007

Le fond de l’affaire consiste à identifier les conditions de la victoire d’un projet de gauche en 2007. La question est de savoir qui, parmi les personnalités candidates à l’investiture, peut incarner le projet socialiste et éviter les erreurs de la campagne de 2002.

Certains croient que le rejet de la droite et le souci du changement sont tels que n’importe quel candidat(e) de gauche peut l’emporter au second tour. En réalité, les facteurs de la défaite d’avril 2002 sont toujours aussi actifs. L’électorat populaire n’est disposé à voter socialiste (cf. régionales et européennes) que sur une ligne d’affrontement avec la droite néolibérale. Mais il rejette massivement la position du PS, dès que le parti s’écarte de cette ligne et manifeste la moindre convergence avec la droite (29 mai 2005). La sociologie imaginaire qui avait conduit Lionel Jospin à tenir un discours de séduction des « classes moyennes » et à soutenir des positions ambiguës (fiscalité, retraites, services publics, « projet pas socialiste » !) a été invalidée et lourdement sanctionnée par le vote du 21 avril 2002. Elle l’a été une fois encore le 29 mai 2005. Tel est (faut-il le rappeler ?) le diagnostic de NPS.

Pour être au second tour, en l’absence de candidature unitaire à gauche, il faudra mobiliser la totalité de l’électorat socialiste et cela n’est possible qu’en tournant le dos à la stratégie suicidaire de 2002. Et ce, d’autant plus que Lionel Jospin avait un avantage de plus et un handicap de moins, par rapport au candidat socialiste de 2007 : il pouvait invoquer le bon bilan économique et social de son gouvernement ; le PS n’avait pas pris, sur un traité européen, une position contraire à l’aspiration des deux tiers des sympathisants de gauche.

Une fois passé le premier tour, pas une seule voix de gauche ne devra manquer au candidat socialiste. Et, là encore, deux options se présenteront : faut-il rassembler l’électorat de gauche, ou bien séduire d’hypothétiques électeurs centristes en faisant droit aux thèmes de campagne de la droite ? Seule une gauche assumée et revendiquée peut gagner. Car elle seule peut à la fois remobiliser les classes populaires et séduire la part des classes supérieures qui aspire à une société de solidarité et de paix sociale. N’oublions pas qu’en avril 2002, le vote des cadres supérieurs pour le PS s’est effondré aussi fortement que le vote ouvrier ! En faisant une part quelconque au discours néolibéral ou néo-conservateur, un candidat socialiste ne prend aucune voix à la droite : il perd des voix dans toutes les catégories sociales. Tel est encore le diagnostic de notre courant, affirmé lors du congrès de Dijon et réaffirmé dans toutes les batailles internes.

Et c’est, au fond, ce même diagnostic qui nous a confortés dans notre rejet du TCE, conscients que le temps n’était plus au compromis avec, mais au combat frontal contre les néolibéraux. Nous avons prévenu nos camarades qu’il serait impossible de distinguer le « oui » socialiste du « oui » des néolibéraux, et que le PS risquait sur ce référendum un divorce complet avec son électorat, comme avec les autres forces de gauche. Nous avions raison et il faut maintenant reconstruire la crédibilité du PS à gauche. Cette question restera au cœur de la campagne de 2007, car c’est sous présidence française (en 2008) que s’achèvera la renégociation du TCE. L’électorat de gauche préférerait assurément qu’à cette occasion le chef de l’État soit clairement opposé au traité initial.

La spécificité de nos diagnostics et de notre ligne politique au sein du parti ne s’est pas dissoute dans la synthèse du Mans. Nous avons fait le choix responsable du rassemblement des socialistes avant la bataille de 2007. Mais nous l’avons fait aussi dans le but de peser sur le « projet », en sorte que le parti aborde cette bataille en évitant les erreurs de 2002 et reconquière une crédibilité émoussée par sa position incomprise sur le TCE. Nous avons jusqu’ici atteint ce but. Le respect du nouveau projet socialiste, qui porte largement notre marque, constitue donc aussi une condition de la victoire en 2007.

Comment évaluer les candidatures ?

Notre analyse des conditions de la victoire doit commander notre réflexion sur les critères de désignation d’un(e) camarade pour 2007. Au vu de cette analyse, il convient de se poser les questions suivantes :

Qui évitera de répéter les erreurs de diagnostic de 2002 ?

Qui est le plus en phase avec le mouvement social anti-néolibéral qui s’est manifesté le 29 mai 2005 ?

Qui a banni de son « logiciel » la sociologie imaginaire qui tire le discours politique vers un centre inexistant ?

Qui s’écarte le plus résolument d’une stratégie de « triangulation » consistant à mordre sur l’électorat de la droite en reprenant certains de ses thèmes de campagne ?

Qui peut faire le plein des voix des sympathisants socialistes au premier tour ?

Qui peut rassembler le PS et le PC sur un combat commun au second tour, et s’assurer aussi le soutien de tous les réseaux militants de la gauche ?

Qui a la crédibilité pour promettre aux Français qu’il ne signera pas un nouveau TCE à peine amendé et ne tournant pas le dos à l’Europe espace de libre concurrence déloyale ?

Qui manifeste le plus de respect pour le projet socialiste et ne remet pas en cause les avancées obtenues par NPS (sur la fiscalité, la RTT, les retraites, l’Europe, etc.) ?

Les postulant(e)s à l’investiture ont d’ores et déjà apporté des éléments de réponse à ces questions par les positions qu’ils ont prises publiquement.

Ségolène Royal a multiplié les déclarations visant à occuper le terrain électoral de la droite (sur la sécurité, l’école, l’encadrement de la jeunesse, « l’éducation » des parents, etc.), n’hésitant pas au passage à dire le contraire de ce qui constitue le projet commun du parti socialiste et à indisposer sérieusement nos partenaires communistes. Elle manifeste ainsi sa conviction que la victoire dépend moins du rassemblement de la gauche, sur les exigences spécifiques de la gauche, que de la séduction d’un électorat indécis. Ce faisant, elle divise la gauche et nous expose à l’émergence d’un « non de gauche » au vote socialiste, au second tour.

En refusant le débat avec les jeunes socialistes et en gardant sa liberté à l’égard du « projet », elle indique une conception du combat politique conforme à la logique présidentialiste de la Ve République : une personnalité doit s’imposer par sa relation directe et personnelle avec le peuple, au-delà des partis. Elle compte donc justifier sa candidature par un mouvement d’opinion favorable à sa personne (assimilé à la cote dans les sondages), et non par sa capacité à transformer l’opinion pour la faire adhérer au programme des socialistes. Enfin, Ségolène Royal n’a pas été la plus tendre et la plus compréhensive à l’égard de la forte majorité d’électeurs de gauche partisans du « non » au TCE, au point d’envisager, comme issue à la crise européenne, un nouveau vote par le Parlement.

Force est de reconnaître que ces positions et cette façon d’aborder la campagne sont à l’opposé des convictions qui fondent notre courant. Il me semble ainsi que la candidature de Ségolène Royal ne peut constituer la réponse à aucune des questions que j’ai posées ci-dessus.

Comment ne pas soutenir la candidature de Laurent Fabius ?

Faut-il rappeler que je ne suis pas « fabiusien » et que, bien avant 2002 et donc avant le congrès de Dijon, je suis de ceux qui ont dénoncé dans la presse la dérive centriste de certaines politiques économiques engagées sous la responsabilité de Dominique Strauss Kahn puis de Laurent Fabius (notamment en matière de fiscalité). Mon analyse politique n’a pas changé et fut hélas confortée par le double effondrement du parti dans les classes populaires en 2002 et en 2005.

En revanche, Laurent Fabius a opéré une inflexion réelle dans son combat politique. Il est le seul dirigeant de l’ancienne majorité qui ait tiré, comme leçon du 21 avril 2002, la nécessité d’un repositionnement du PS et d’un rassemblement prioritaire de la gauche sur une ligne d’opposition frontale au modèle de la droite. Il est aussi, accessoirement, au sein de cette majorité, le premier à avoir replacé le développement durable et une écologie sociale au cœur du projet socialiste. Faut-il indéfiniment le suspecter au nom de politiques anciennes avec lesquelles il est le seul à avoir marqué sa distance ?

Tous les ministres du gouvernement Jospin sont solidairement responsables des éventuelles erreurs que nous avons combattues. Il est dès lors bien étrange d’entendre certains en faire aujourd’hui grief au seul Laurent Fabius. Tous les candidats aujourd’hui déclarés sont responsables des allègements fiscaux sur les hauts revenus et les stock-options ou des privatisations. La question est de savoir qui aujourd’hui reconnaît la nécessité de prendre un autre cap ? Qui s’engage publiquement pour remettre en cause le régime des stock options ou pour éviter une privatisation irréversible de GDF ? C’est Laurent Fabius. L’ancienne majorité est aussi solidairement responsable du brouillage de l’identité socialiste aux yeux des classes populaires. La question est de savoir qui, en son sein, et parmi les candidats déclarés, a évité la confusion entre le projet européen de la droite et celui de la gauche ? Encore Laurent Fabius qui, comme Henri Emmanuelli, a assumé la délicate responsabilité historique de manifester une position contraire à celle du parti. C’est à ces positions courageuses que nous devons aujourd’hui l’espoir persistant, dans l’électorat de gauche, que l’on peut éventuellement compter sur des socialistes pour s’opposer sans concessions au modèle néolibéral.

Au cours de la campagne nationale que j’ai menée pour le « non socialiste » dans des dizaines de villes, j’ai mesuré la reconnaissance du peuple et des militants de gauche pour la manifestation de cette autre voix (autre voie) socialiste. Mais j’ai enregistré partout la même promesse que ce mouvement de résistance populaire n’apporterait pas son soutien à un candidat socialiste qui aurait fait campagne pour le « oui ».

Certes, une forte minorité d’électeurs socialistes a voté « oui » au référendum et il s’agit aussi de mobiliser leur soutien. Mais leur soutien ne fera pas défaut à un partisan du « non » qui se bat pour un projet européen commun à tous les socialistes. En revanche, l’investissement personnel intense qu’a constitué la conversion au « non », pour des électeurs et des militants traditionnellement favorables aux traités européens, ajouté au mépris public pour leur position, a nourri chez ceux-ci le sentiment d’une victoire inespérée contre le néolibéralisme dominant.

Croire qu’aujourd’hui, pour eux, c’est déjà une histoire ancienne qui ne pèsera en rien sur leur choix en 2007 est une dangereuse illusion. Nombre d’entre eux prendront pour un pur mépris du vote populaire, un déni de leur incontestable victoire, la candidature d’un(e) socialiste, qui se serait distingué(e) par une admiration sans borne pour le TCE et des propos affligeants sur les « nonistes ». Et, là encore, seule la candidature de Laurent Fabius peut manifester la volonté claire des socialistes de donner à la victoire du « non » un débouché politique. Pour cette même raison, seule cette candidature permet d’espérer, au second tour, le report de toutes les voix de gauche sur le candidat socialiste. Soyons francs : même ainsi, le rassemblement de toute la gauche sur notre candidat n’a rien d’assuré. Mais un tel rassemblement me semble tout à fait impossible avec un(e) candidat(e) qui n’a dissimulé ni sa pleine adhésion au TCE, ni son mépris pour la « bêtise » des partisans du « non ».

Enfin, en ce qui concerne le respect du projet, Laurent Fabius a été on ne peut plus clair quand il a présenté ses sept engagements pour 2007 (sur le logement, le Smic, les stock-options, etc.) : nous avons un projet qui constitue la colonne vertébrale de la campagne et des engagements concrets à préciser quand ils ne le sont pas encore dans le projet. Par exemple, dire dans le projet que l’obligation de construction de logements sociaux doit être respectée par les communes, c’est bien ; préciser que l’État passera outre la volonté des communes qui s’accommodent aujourd’hui d’une sanction financière, c’est mieux. Qui reprochera à un candidat de donner aux orientations générales du projet plus de force et de crédibilité en les transcrivant en engagements précis et contrôlables ? Certains ironisent sur la nature « électoraliste » de telles promesses (celle sur le Smic, notamment). Mais je ne conçois pas que la campagne consiste à ne faire aucune promesse ; c’est avec des promesses que la gauche a accédé au pouvoir et c’est en les tenant qu’elle peut s’y maintenir. Il nous faut juste ne pas nous tromper de slogans : je préfère « 100 euros de plus pour le Smic » à l’« encadrement militaire des jeunes ».

Avons-nous une autre option ?

À la question « comment ne pas soutenir la candidature Fabius ? », j’entends, dans notre courant, seulement deux autres réponses que la mienne.

Certains considèrent que, à la suite de la synthèse du Mans, et conformément à notre conception de la démocratie parlementaire, il conviendrait de soutenir une candidature de notre premier secrétaire. Nous contestons en effet un régime dans lequel la relation individuelle entre un candidat et la nation tend à occulter le rôle des partis dans la conception de programmes de gouvernement soumis au choix souverain des électeurs. Dans la démocratie parlementaire à laquelle nous aspirons, la majorité et l’opposition proposent comme chef du gouvernement, le premier responsable du parti ou du principal parti qui les constitue. C’est là une position de principe sensée et conforme à l’idée que je me fais d’une VIe République. Elle soulève néanmoins deux difficultés.

En premier lieu, nous avons nous-mêmes renoncé à faire du premier secrétaire du parti le candidat naturel en dissociant complètement sa désignation de cet enjeu électoral. À aucun moment il n’a été entendu que l’enjeu du Congrès et de la désignation d’un premier secrétaire était, dans le même temps, l’investiture de celui qui conduirait la bataille de la présidentielle. Tous les courants, et le premier intéressé lui-même, ont au contraire insisté sur le fait qu’il ne fallait pas confondre le Congrès du parti et l’investiture pour la présidentielle. Le problème est ici que précisément, dans une démocratie parlementaire, telle que nous la souhaitons, la confusion entre le choix d’un chef de l’exécutif et celui d’un programme politique est nécessaire et participe à l’essence même du régime. Il serait bon de s’en souvenir à l’avenir. Mais pour l’heure, le parti a décidé que la désignation du candidat pour 2007 ferait l’objet d’une campagne spécifique. Dès lors, toutes les candidatures sont légitimes.

En second lieu, le premier secrétaire n’est pas candidat. Dès lors, dans la mesure où je n’ai pas connaissance d’autres options soutenues dans notre courant, le choix politique concret qui se présente à chaque militant de NPS est une alternative Ségolène Royal/Laurent Fabius. C’est donc ce choix que notre débat a vocation à éclairer. J’ai donné mes principales raisons de voter pour Laurent Fabius et mes réponses aux objections dont j’ai connaissance. J’attends l’exposé des bonnes raisons politiques que nous aurions de voter pour une candidate qui prend des positions contraires au « projet », qui divise la gauche et exploite toujours plus la stratégie électorale de rassemblement au centre qui nous a conduit à la catastrophe du 21 avril 2002. Je n’ai à ce jour entendu qu’un seul argument véritable en sa faveur : sa popularité persistante dans les sondages d’opinion.

Cet argument n’a sur moi aucune prise, car il est inconciliable avec ma conception de l’action politique. En ce qui me concerne je ne soutiens jamais un candidat ou une position politique parce qu’ils ont des chances, voire le plus de chances de gagner, mais parce que je veux qu’ils gagnent et que je mène la bataille politique nécessaire à leur victoire. N’inversons jamais la fin et les moyens. Pourquoi nous battons nous ? Pour être dans le camp des vainqueurs ? Ou pour faire gagner notre camp ?

Pour ceux qui seraient néanmoins sensibles aux sondages d’opinion, je rappelle que l’expérience comme la science politique nous enseignent qu’à partir de deux mois et au-delà d’une élection, les sondages ne nous apprennent strictement rien sur le résultat probable. Durant l’automne 2004, combien de camarades ont dit « oui » au référendum interne, parce qu’alors les deux tiers des Français disaient « oui » dans les sondages ? Des hommes et des femmes de gauche indifférents à l’écume médiatique et confiants dans le pouvoir du combat politique se sont alors mis en campagne et, six mois plus tard, les deux tiers des électeurs de gauche et 55 % des Français votaient « non ». Nous sommes aujourd’hui dans le même décalage trompeur entre l’humeur instantanée de sondés qui ne sont pas face à leur bulletin de vote et à la fin de la campagne électorale. À la fin, il se produira la même chose qu’en mai 2005. Quand Sarkozy aura eu des dizaines d’occasions de souligner les points sur lesquels il est d’accord avec Ségolène Royal, quand tous les réseaux militants de la gauche non socialiste auront fait implicitement ou explicitement campagne contre une candidate à leurs yeux inacceptable, des centaines de milliers de nos électeurs potentiels diront « non » à un PS inconsistant et illisible face à une droite consistante et limpide.

Camarades, on vous avait déjà mis en garde en 2002, puis en 2005, et l’histoire nous a donné raison. Combien de désastres seront encore nécessaires pour vous rendre à l’évidence que les mêmes stratégies erronées conduisent aux mêmes échecs ? Notre seule chance de faire gagner le projet socialiste est de susciter, à partir de la fin novembre, le même enthousiasme militant, la même volonté d’en découdre avec le néolibéralisme qui a saisi le peuple de gauche durant la campagne sur le référendum européen, a saturé les courriers électroniques et battu le pouvoir des médias. Ce peuple en sommeil attend un signe fort des socialistes pour se remettre en mouvement. Au moment même où il n’espère plus que nous aurons la lucidité de choisir un candidat qui s’engagea à ses côtés en 2005, surprenons-le. Disons-lui, en novembre que c’est maintenant que s’accomplit la promesse du 29 mai, et alors rien ne pourra l’arrêter.

Jacques Généreux

Université NPS de Saint-Nazaire, 22-24 septembre 2006


  Le site de Jacques Généreux http://genereux.fr
  Le site de Renouveau Socialiste http://renouveausocialiste.fr

27 septembre 2006

Certes, Royal a des idées... mais sont-elles socialistes ?

De la suppression de la carte scolaire à l'arrêt du regroupement familial...

Par par Bariza KHIARI, sénatrice de Paris, pour Libération.fr, mercredi 27 septembre 2006

Dernièrement, dans Libération, Arnaud Montebourg exhortait les socialistes à relire « les discours et les déclarations [de Ségolène Royal]», assurant qu’ils y trouveraient des propositions susceptibles de «rassembler toutes les Gauches » et de créer ainsi la dynamique nécessaire pour l’emporter en 2007.

On constate, à l’issue de cet exercice, que Ségolène Royal a certes des idées ; pas toujours cohérentes et pas forcément socialistes. On constate surtout que ces dernières sont peu susceptibles de fédérer la gauche française. La stratégie de la triangulation, qui consiste à s’approprier les idées et propositions politiques du camp adverse, est la plus mauvaise pour créer le rassemblement du peuple de gauche. Or, sur certains grands débats de fond, Ségolène Royal a la tentation de s’affranchir du projet socialiste, au risque de s’éloigner des valeurs qui fondent notre identité.

Alors que les élus du PS et de la Gauche se mobilisaient contre le projet de loi de Nicolas Sarkozy relatif à l’immigration, Ségolène Royal, dans une interview au  Monde, prenait position pour une conception de l’immigration proche de celle du Ministre de l’Intérieur.  Plus encore, elle déclarait récemment dans le quotidien espagnol El Pais qu’il fallait mettre l’accent sur une politique “d’immigration temporaire de travail”, grâce à laquelle “il n’y a pas de regroupement familial parce que les travailleurs retournent chez eux”.

Après l’usine sans ouvrier, voici l’immigré sans famille !

Allant même plus loin que le Ministre de l’Intérieur dans l’instrumentalisation économique de l’immigration, elle suggère de s’inspirer du Royaume-Uni, où “l'Etat répond en quinze jours aux demandes des entreprises”. Elle propose d’ « imaginer que les autorisations de travail soient gérées par les préfets de région en concertation avec les régions qui sont responsables du développement économique et en contact avec les entreprises » (Le Monde, 23 juin). Il reviendrait donc au MEDEF de décider de la politique migratoire de la France et, en dernier ressort, du destin de ces travailleurs temporaires. A la moindre protestation, le travailleur immigré verrait son contrat de travail écourté, contraint de retourner dans son pays ou alors d’entrer dans la clandestinité.

L’immigré en CDD, corvéable et jetable, inaugurerait une nouvelle forme de dumping social préjudiciable à tous.


Que la droite réduise l’immigré à sa seule force de travail, nous en avions l’habitude. Mais qu’une telle proposition vienne d’une candidate à l’investiture socialiste augure mal du rassemblement de la Gauche et en dit long sur l’état du Parti Socialiste post 21 avril.

Le score élevé de l’extrême gauche au premier tour des présidentielles de 2002 aurait dû conduire tous les responsables socialistes à se recentrer sur nos valeurs de gauche. C’est vrai sur la question de l’immigration comme sur la question sociale. Le résultat du referendum, le refus du CPE, le choc de la crise des banlieues et la mobilisation des français pour les enfants des sans-papiers illustrent l’aspiration de nos concitoyens à plus de justice pour eux-mêmes comme pour les immigrés. Ils veulent une France forte et solidaire.

Il est vrai que l’immigration pose aux socialistes un vrai cas de conscience tant cette réalité met nos principes à l’épreuve : humanisme et universalisme du socialisme d’un côté, réalisme et responsabilité dans l’exercice du pouvoir de l’autre. 

Notre pays ne peut, ni ouvrir ses portes à tous les « candidats au bonheur »  fuyant la faim, la pauvreté, la corruption, ou la guerre; ni se refermer sur lui-même sous l’aile d’une Europe forteresse.  A défaut de se doter d’une doctrine - forcément simpliste - il est impératif que le Parti Socialiste, sans jamais renoncer à ses valeurs, prône de bonnes pratiques. 

Les socialistes sont convaincus que les étrangers, au même titre que les nationaux, doivent avoir le droit de mener une vie familiale. C’est pourquoi, dans son projet, le Parti Socialiste s’est engagé à abroger les dispositions de la loi Sarkozy qui durcissent le regroupement familial et suppriment la régularisation des étrangers clandestins au terme de dix années de résidence.

Le peuple de gauche n’attend pas d’un candidat socialiste qu’il fasse campagne sur la suppression de la carte scolaire, l’encadrement militaire des jeunes primo-délinquants, le durcissement de la double peine ou encore sur l’arrêt du regroupement familial.

Le peuple de gauche attend des engagements clairs sur l’emploi, le pouvoir d’achat, l’accès au logement, l’éducation, la rénovation démocratique et l’ancrage social de l’Europe.

Nous avons tout à perdre à faire campagne sur des thématiques de droite comme à surfer sur les enquêtes dites d’opinion, toujours en décalage avec le suffrage universel. Si François Mitterand avait donné crédit à ces enquêtes, nous n’aurions pas aboli la peine de mort.

Les socialistes doivent veiller à ce que la campagne ne se termine pas  le jour de l’investiture de leur candidat. Par leur choix, ils en seront collectivement comptables.

Arnaud Montebourg nous a fort justement invités à faire preuve de sagacité. Comme nous n’oublions pas ses propres déclarations d’hier, nous devrons durant la campagne interne garder à l’esprit celles de Ségolène Royal malgré les inévitables postures de circonstance.

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