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Millenium Graindesel
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17 septembre 2006

FABIUS : intervention à Lens

Message percutant qui a fait vibrer les militants venus assister à ce que la presse qualifie "de grand oral" ! Nous vous invitons à lire cette déclaration de Laurent Fabius :

Beaucoup de ceux qui nous écoutent doivent se dire « mais au fond ces socialistes, ils sont venus l’un après l’autre mais ils sont d’accord ». Et c’est vrai que sur l’essentiel, nous sommes d’accord, sinon nous ne seront pas socialistes, mais il y a aussi des points sur lesquels il faut aller plus loin de notre discussion car il ne serait pas normal que les débats aient lieu à propos du PS partout en France, sauf au sein du PS.

Il faut les débats au sein du PS et ensuite tout le monde rassemblé dans l’unité. Nous ne savons pas encore qui sera notre candidat. Mais nous savons déjà qui sera notre adversaire et il ne serait pas normal que passant quelques heures ensemble, relayées puissamment, nous ne consacrions pas une part importante à cet adversaire. Je le ferai en quelques dizaines de secondes à ma manière. Oui, on l’a dit, M. Sarkozy est un homme dangereux, mais le danger est encore plus grand lorsqu’il est assorti de talent et de moyens financiers et médiatiques considérables. Et autant je suis en désaccord sur beaucoup de points avec Bayrou, autant je pense que sur cette question du contrôle financier économique des médias, il a eu raison de dire ce qu’il a dit.

Sarkozy qui sera vraisemblablement candidat est un réactionnaire. Nous, nous sommes socialistes. En une seule après-midi, se posant par hélicoptère au Medef il a sacrifié le droit de grève, annula les 35 h, et la semaine suivante, il veut supprimer les régimes spéciaux, dont le régime minier, et ça veut dire quelque chose dans le Nord et le Pas-de-Calais. Sarkozy, futur candidat à la présidence de la République n’est pas un républicain laïc, c’est un communautariste.

M. Sarkozy n’est pas un Européen convaincu comme nous tous, qui défend les intérêts de la France, il est avant tout un pro américaniste, il est un zélateur de Bush. Nous n’avons pas besoin à la tête de l’Etat de quelqu’un qui veut comme programme être le futur caniche du président des Etats-Unis.

La devise de la République française, c’est liberté, égalité, fraternité. Et bien moi, je me battrai de toutes mes forces pour que n’accède pas à cette plus haute charge, quelqu’un dont en fait la vision des choses est "marche ou crève". Il n’en est pas question. A partir de cela, se pose un problème politique.

M. Sarkozy prend cette position non seulement parce qu’elle est profondément la sienne, mais parce qu’il veut draguer l’extrême droite dont il ne faut pas minimiser aujourd’hui et demain l’influence. Et je crois comprendre que dans le débat implicite, respectueux, qui s’établit chez nous, il y a deux positions possibles sur l’attitude que nous devons prendre.

Ou bien on dit la gauche sera obligée de voter pour le candidat socialiste alors n’en faisons pas trop, telle n’est pas ma position.

La gauche si elle veut gagner doit rassembler. Le rassemblement ne peut s’opérer que sur des positions authentiquement de gauche. Il faut au premier tour que tout se passe pour que le rassemblement de la gauche s’opère autour du candidat socialiste et ensuite au deuxième tour viendra le reste. C’est la seule stratégie gagnante pour battre la droite en 2007.

J’ai l’intention d’être candidat. Je m’y suis préparé, je me sens en capacité de l’être et je le souhaite. Ce sera aux militants de trancher.

Mais je peux d’ores et déjà dire, pour faire écho aux propositions qui ont été faites, que le futur président aura au moins quatre immenses défis à relever.

Le premier, c’est le défi du quotidien, du pouvoir d’achat, du logement, de la santé. Mon projet le voici c’est le notre à tous. Qu’on puisse dire si je vote socialiste, voilà ce que cela changera dans ma vie. C’est pourquoi parmi d’autres, avec d’autres, je fais la proposition, le SMIC à 1500 €, d’abord récusée ensuite acceptée par tous, je pense qu’il faut être plus précis. Le SMIC aujourd’hui en brut est à 1254 €, je pense que parmi les propositions emblématiques que nous devrons porter dans cette campagne, il y a une augmentation immédiate du SMIC. On le dit c’est pas le problème.

Je ne dis pas que le seul problème concerne les smicards, mais il y a sans doute 20 % de la population qui est au SMIC et davantage encore chez les femmes. La gauche arrivant au pouvoir ne serait pas capable de proposer une augmentation de cent euros, je dis que si on est de gauche et compte tenu des expériences que nous avons faites les uns les autres au pouvoir, la première tradition de la gauche doit être une augmentation des salaires et d’abord des petits salaires.

Il y a eu un débat sur la carte scolaire. Je le dis clairement, tout en respectant chacune et chacun, mon idéal n’est certainement pas la suppression de la carte scolaire. L’aménager oui mais encore faut il voir les conséquences.

Admettez qu’il y ait le choix entre beaucoup d’établissements, on sait bien qui se portera dans les établissements huppés. Une certaine catégorie de la population ou les enfants qui auront des notes formidables. Mais les autres, ce que nous voulons aussi protéger, ils resteront dans des établissements désertés par tous. On sait d’ores et déjà quels sont les établissements qui ont de vrais moyens, il faut donner des moyens en subordonnant l’attribution des moyens aux origines sociales. En intégrant l’établissement privé, qui doit prendre sa part de la mixité sociale en faisant en sorte que les jeunes qui choisissent le professorat puissent déjà avoir un salaire, pour qu’ils ne soient pas empêchés d’accéder à ce superbe métier parce qu’ils n’ont pas les moyens de faire des études. En développant l’enseignement supérieur.

Il faut d’abord que notre candidat soit le candidat du pouvoir d’achat. Il faut aussi qu’il soit en candidat de l’excellence environnementale, il faut en parler.

Le XXIe siècle sera écologique ou n’existera même plus, d’où la nécessité d’un programme précis prévoyant les énergies renouvelables, les économies d’énergie, plus de transport collectif et non pas la suppression des moyens des transports collectifs. C’est le débat GDF, au-delà des arguments excellents qui ont été donnés, je n’admets pas un instant qu’alors que tous les pays du monde savent bien qu’il s’agit de reprendre en main les capacités énergétiques, la France avec un gouvernement de droite laisserait GDF confié aux pouvoirs privés, cela n’a pas de sens. Nous devons garder la maîtrise de notre énergie. Oui je suis pour la reconquête à cent pour cent d’EDF.

Il faut, troisième tâche du président de la République, introduire la démocratie partout, on l’a fort bien dit, les uns et les autres, notamment à fond pour la décentralisation, mais la décentralisation ne veut pas dire la suppression du rôle de l’Etat ou des services publics.

Je crois que c’est 68 millions d’euros que le gouvernement, et non pas l’Etat, doit dans une grande partie pour les RMI. Il faut une péréquation financière parce que sinon les plus riches seront les plus riches, alors bravo pour la région parisienne et la région Rhône-Alpes, mais que deviendra le Nord-Pas-de-Calais ou la Normandie ?

Le quatrième enjeu, mes camarades, c’est qu’il faut relancer l’Europe et réorienter l’Europe. On l’a dit dépasser le oui et le non. Il faut tenir compte du vote des Français.

On a parlé tout à l’heure de Stora. Il y a des mesures à prendre en France mais il y a aussi des mesures à prendre en Europe et dans le monde. Parce que tout le monde comprend que si on continue à ne jamais poser la question sociale ou environnementale ou monétaire, on laisse les travailleurs dans la situation de misère.

Il faut que l’Europe soit capable d’avoir une vraie politique industrielle une vraie politique scientifique. Il faut une Europe relancée, réorientée. On a besoin d’industrie, on a besoin d’aller plus loin dans le rejet des délocalisations.

Je termine en disant un mot plus personnel, les sondages. Une chose est certaine, c’est que les sondages ont une valeur à un instant donné. Il faut que ce soit par la réflexion, l’intelligence par la discussion le débat maîtrisé amical, que vous les militants vous vous forgiez vos convictions, et qu’ensuite cette conviction élargie, relayée devienne celle de la gauche puis du peuple de France.

Si l’on écoutait les sondages, à quoi serviraient les débats. Oui, mais voila, la réflexion ça existe, le débat ça existe, l’engagement ça existe, j’ai à l’esprit cette phrase de Jaurès : « le courage c’est de se donner aux grandes causes, sans savoir qu’elle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni même s’il lui réserve une récompense ».

Je ne sais pas quelle sera la récompense, et je ne sais pas pour quoi, mais je sais que la gauche et la France sont deux choses superbes et que cela vaut qu’on y consacre toute sa vie.

Laurent Fabius

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Commentaires
A
Salué par l'ensemble des socialistes comme un "bel exercice de démocratie", l'examen n'a pas joué le rôle d'éliminatoires. A l'applaudimètre, chacun a eu sa part. Mais à trois semaines de la clôture du dépôt des candidatures, prévu le 3 octobre, Lens ouvre une nouvelle phase de la compétition.<br /> Au lendemain de la première confrontation publique des présidentiables du PS, à Lens, dans le Pas-de-Calais, samedi 16 septembre, combien seront-ils sur la ligne de départ pour solliciter l'investiture du parti ?<br /> Ségolène Royal résiste, mais ses concurrents gagnent du terrain et Laurent Fabius est celui qui progresse le plus. Lionel Jospin est toujours en course ce qui chagrine certains. "L'idée qu'il n'y aurait qu'un seul choix qui assurerait la victoire me paraît une idée légère", a-t-il souligné. "Du point de vue de la désignation et des chances du candidat socialiste, les choses me paraissent beaucoup plus ouvertes qu'on ne le décrit parfois, a-t-il ajouté. Tout le monde peut gagner et tout le monde peut perdre." <br /> Aucun doute : rien n'est joué. Les "débats de fond", estiment les concurrents de Mme Royal, peuvent desserrer l'étau des sondages, "Elle domine les sondages ou les débats ?", a été jusqu'à dire l'ancien premier ministre.<br /> A.F
N
Une nouvelle fois un vrai discours. Mais cela suffira-t-il à mettre du plomb dans la tête de ces militants qui sont prêts à abandonner des pans entiers des valeurs socialistes ?
Millenium Graindesel
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