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Millenium Graindesel
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17 février 2006

PROJET

Interview de Laurent FABIUS dans le quotidien La Provence du 6 février 2006

"Notre pays doit être offensif et résister à la déferlante libérale. Je suis fidèle à la stratégie de François Mitterrand. Pour l’emporter il faudra rassembler à gauche."

Après des mois de luttes internes, les socialistes se sont rassemblés sur un même texte au congrès du Mans. Le climat s’est-il réellement apaisé ?

L.F : Le climat interne est meilleur. Cela nous permet d’être plus offensifs face à la droite. Surtout, nous travaillons pour élaborer notre projet, ce rassemblement devrait le faciliter, il ne faut pas perdre de temps.

Comment interprétez-vous l’avance prise dans le camp socialiste par Ségolène Royal dans les sondages ?

L.F : Un ami qui a de l’humour me disait récemment : les sondages sont aux élections ce que l’astrologie est à l’astronomie. Cela dit, nous avons certainement besoin de davantage de femmes dans la vie politique. Notre futur gouvernement devra être composé moitié femmes moitié hommes et je souhaite faire adopter cette avancée dans la Constitution. La règle de parité devrait aussi être étendue aux exécutifs locaux.

Vous-même êtes toujours en retrait, parmi les candidats socialistes potentiels, dans ces mêmes sondages...

L.F : Ce n’est pas à partir des sondages mais à partir des orientations politiques de fond que les choix devront s’opérer. Mes propositions sont et seront clairement à gauche, il s’agira d’un projet pour changer vraiment.

Etes-vous favorable à l’organisation de primaires au sein de la gauche, comme en Italie ?

L.F : Il y a souvent confusion autour de cette notion. S’il fallait faire voter pour une prédésignation l’ensemble des Français proches de la gauche, cela nécessiterait que tous les partis de gauche en soient d’accord comme en Italie. Ce n’est pas le cas.

Votre slogan au congrès du Mans était « rassembler à gauche ». Cela paraît difficile, d’autant plus que le camp du « non » au traité constitutionnel européen semble aujourd’hui dans l’impasse...

L.F : Notre pays doit être offensif et résister à la déferlante libérale. Je suis fidèle à la stratégie de François Mitterrand. Pour l’emporter il faudra rassembler à gauche. Concernant la constitution européenne, la question a été tranchée par les électeurs. On doit écouter ce qu’a voulu le peuple, il faudra renégocier et repartir sur des bases nouvelles. Je travaille à un plan d’ensemble de relance européenne, mais nous ne sommes pas au gouvernement.

Le parti socialiste, tout comme ses partenaires de gauche, ont décidé de s’opposer fortement au contrat première embauche. Les conditions sont-elles réunies pour que vous vous appropriez cette mobilisation ?

L.F :Il ne s’agit pas de se substituer au mouvement étudiant et syndical mais d’accompagner la mobilisation. Le CPE ne créera pas d’emploi, en revanche il augmentera la précarité. C’est pourquoi il doit être combattu. Ce n’est pas en réduisant les droits sociaux qu’on avancera. Au contraire, la France a besoin d’une politique dynamique pour relancer la croissance et créer des emplois. D’où ma proposition des « emplois sécurité formation » pour les jeunes non qualifiés.

Vous protestez aujourd’hui contre la politique fiscale menée par le gouvernement Villepin. N’avez-vous pas vous-même ouvert la voie au « toujours moins d’impôt » lorsque vous étiez ministre des Finances dans le gouvernement Jospin ?

L.F : Avec L. Jospin, même si tout n’a pas été réussi, nous avons assuré un bon niveau de croissance, facilité la création d’emplois et mené une politique fiscale équitable. La situation est différente aujourd’hui : la droite augmente les impôts et les cotisations, elle les réduit seulement pour les privilégiés et elle affaiblit les services publics. C’est inefficace et injuste. Mon objectif, c’est une fiscalité plus juste.

Qu’est-ce qui a changé en quelques années ?

L.F : Beaucoup de choses, notamment le fait que le capitalisme financier est devenu mondialisé et débridé. On le voit avec l’OPA hostile contre Arcelor. Il faut de nouvelles règles mondiales, européennes et nationales qui renforcent la solidarité et non la précarité. Ce doit être le choix de la gauche si elle veut vraiment répondre à l’espoir.

Quelle serait la première mesure que vous prendriez à l’Elysée si vous étiez élu président de la République en 2007 ?

L.F : Trois mesures :

Ø       la hausse des petits et moyens salaires,

Ø       un gouvernement paritaire,

Ø       une concertation étroite avec l’Allemagne pour renforcer l’Europe.

Je demanderai aussi aux grandes chaînes de télévision de réserver un créneau régulier à 20 H 30 pour évoquer avec enthousiasme la science, l’éducation, la culture, l’environnement, car ce sont les clés du futur. Je refuse la résignation. L’avenir peut être très positif, il faut s’en donner les moyens.

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